BENIN : VOYAGE AU CŒUR DU VODOU, LA RELIGION AFRICAINE REPANDUE A TRAVERS LE MONDE.

  • Par Eri
  • 31 Juil. 2021
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Originaire de l’ancien royaume du Dahomey, le Vodou est une religion animiste africaine d’ordre cosmique répandue à travers le monde et présente dans plusieurs pratiques religieuses.


Le Vodou est une identité socioculturelle et spirituelle du Bénin, ancien Dahomey. Toutefois, le Vodou reste le fondement culturel de plusieurs peuples qui ont migré successivement de Tado au Togo, les Aja dont les Fons, les Gouns, les Ewe… Et bien évidemment les Yoruba… Des peuples qu’on retrouve sur le littoral, depuis le Nigéria jusqu’au Ghana, en passant par le Bénin et le Togo.

Divinités et culte Vaudou

Le Vaudoun, selon ses adeptes, est une pratique religieuse qui consiste au culte d'un dieu créateur (Mahou) au-dessous duquel se trouvent d'autres dieux inférieurs (Sakpata : dieu de la variole ; Ogoun : dieu du fer ; Mami Wata : déesse de l'eau, etc.) qui servent d'intercesseurs à l'homme pour atteindre Dieu tout-puissant ».

A ces divinités, les adeptes du Vaudoun vouent des cultes selon une liturgie bien établie. Dans un reportage du confrère Jeune Afrique en date de 2016, à l’occasion de la fête nationale du Vaudoun à Ouidha au Bénin, Kougbla Bessanh, tailleur de profession expliquait ceci : « Dans le culte de Mamy Watta il n’y a pas de que des femmes… Il y a des Mamy hommes et femmes. Moi-même, je fais partie aussi du culte de la reine des eaux. Vous savez, le vaudoun n’a rien de négatif. Il n’apporte que du bien, comme Jésus Christ aux chrétiens ».

Toujours selon le confrère, 60 à 70% des populations dans le sud du Bénin pratiquent le culte du Vaudoun, même s’ils ne s’associent pas aux célébrations publiques. « Vous savez ici, tout le monde pratique le Vaudoun : même ceux qui se disent chrétiens, ils vont prier à l’église mais ils prient aussi nos dieux », précise Dieudonné, un homme d’un certain âge avant d’ajouter : « Ici toutes les religions cohabitent. En face de la basilique de Ouidah, il y a le temple des pythons, animal totem de la ville. Tout est une question de point de vue ».

 

 Le Vaudoun à travers le monde…

 C’est autour du XVIIe siècle, que les Hommes capturés, réduits en esclavage, originaires des régions des adeptes du Vaudoun ont répandu le culte aux Caraïbes et en Amérique. Le vaudou se retrouve donc sous différentes formes à Cuba, en Haïti, au Brésil ou encore aux États-Unis, en Louisiane surtout. Il s'est aussi répandu en Afrique du Nord, où il se retrouve sous différentes formes, dont la plus connue est le Gnawa au Maroc, mélangé au folklore religieux berbéro-musulman.

Le culte Vaudou compte donc environ 50 millions de pratiquants dans le monde. De nombreuses communautés « vaudouisantes » existent dans le monde entier, majoritairement sur le continent américain, et aux Antilles. Il existe en Europe des communautés plus discrètes mais néanmoins actives tel le Hounfor bonzanfè, le Lakou sans Lune ou le Hounfor Konblanmen.

Au début du XXIe siècle, le vaudou s'étend également au Canada où de nombreuses communautés ont vu le jour et tentent de mettre ce système de croyance au-devant de la scène.

Avec la traite négrière, la culture vaudoue s'est donc étendue en Amérique et aux îles des Caraïbes, notamment Haïti. Toutefois, dans les colonies, la pratique de cette religion et culture était interdite par les colons, sous peine de mort ou d'emprisonnement. Ainsi, le Vaudoun se pratiquait en secret, jusqu’à ce qu’il soit intégré dans certains rites et conceptions catholiques.

Panthéon Vaudoun

Le panthéon vaudou est avant tout constitué des forces de la nature, comme dans le chamanisme. Les vaudou (loa, lwa) et leurs relations renvoient aux puissances naturelles que sont la foudre, la mer, la maladie, etc.

Mais le culte vaudou s'intéresse aussi à d'autres entités surnaturelles, telles que les ancêtres divinisés et les monstres (et autres animaux).

Mawu, le Dieu Suprême est incréé et est créateur de tous les autres vaudous. Mawu n'intervient pas dans la vie des humains. Il aurait créé les autres vaudous pour qu'ils soient en relation avec les hommes et le monde.

 « Mawu » ne fait pas partie à proprement parler du panthéon vaudou ; c'est un concept, une entité plutôt qu'une personne ; littéralement Mawu doit se traduire par « l'inaccessible ». Ce qui explique qu'il n'y a nulle part dans l'aire du vaudou un culte pour Mawu ; on ne fait que le remercier, le glorifier. On le dit bienveillant envers toutes les créatures.

Les chrétiens Ewés et Fons utilisent le même mot Mawu pour désigner le Dieu chrétien.

Le panthéon vaudou est fait d'une multitude de Lwas, qui sont des esprits, des divinités inférieures, pouvant entrer en communication et même collaborer avec les humains. Les Lwas se matérialisent le plus souvent dans des objets inanimés de la nature, tel des pierres et des arbres ; c'est pourquoi on qualifie le vaudou d'« animiste ».

Une des plus importantes Lwas est Erzulie, ou Erzulie Freda, déesse de l'amour. On trouve aussi Gu (l'Ogoun des Yorubas), dieu de la guerre (et des forgerons),

Ogoun Zobla (l'intelligence pure et la réussite) Sakpata, dieu de la variole (et plus généralement de la maladie, de la guérison et de la Terre), Damballa, esprit de la connaissance, ainsi que le puissant Hevioso, dieu de l'orage et de la foudre.

Ce dernier est accompagné d'un nain ou d'un homoncule chargé de forger ses éclairs. Legba, quant à lui, a la fonction d'intermédiaire et de messager des dieux. Il est assimilé, dans le vaudou syncrétiste haïtien, à Saint Pierre, qui détient les clefs du Paradis et de l'Enfer. Il préside le lavage des mains d'eau et de rhum.

Dans le vaudou en Afrique, il n'y a pas les concepts de paradis et d'enfer. Lêgba (Eshu pour les Yorubas) est en effet le dieu le plus important en cela qu'il est le dieu des croisements, le dieu de la réflexion ; son rôle d'intermédiaire vient ensuite. Il forme avec la divinité Fa (ou Ifa) un couple porteur de la pédagogie de cette culture4.

Mami Wata (aussi appelée Yemendja par les Yorubas), un culte spécial lui est même consacré. C'est la (déesse) mère des eaux, déesse crainte des pêcheurs, elle symbolise aussi bien la mère nourricière que l'océan destructeur. Mami Wata est avant tout une divinité éwé, dont le culte est très présent sur la côte atlantique du Togo (mais aussi au Nigéria, au Cameroun, au Congo-Kinshasa) où elle symbolise la puissance suprême. Mami Wata est souvent représentée en peinture où elle figure sous les traits d'une sirène ou d'une belle jeune femme brandissant des serpents.

Mami Wata n'est pas une adaptation de l'anglais comme on le croit parfois. Dans la langue mina qui est parlée au Sud du Togo et une partie du sud du Benin, « Amuiê » veut dire serrer « Ata » veut dire la/les jambes. Après les rituels dédiés à la déesse des eaux pour la fécondité de la femme et dont la principale demeure est l'Océan, le maître (Hougan) ou la maîtresse (Mambo) de cérémonie lui demande de répéter : «Mamui Ata» ce qui veut dire : « je serre les jambes » afin de garder pendant un moment ce que la Déesse a ensemencé.

Avec le temps, on nomma la déesse « Amuia Ata » et avec les déformations phonétiques successives le nom « Mamui Ata » est devenu « Mami Wata ».

 

Dan : pour les Fon, Dan désigne le serpent, plus particulièrement le python, un animal sacré qu'on ne doit pas tuer. Dan a assisté à la création et soutient l'univers. Son culte est surtout répandu à Ouidah et dans sa région, où l'on trouve de nombreuses maisons aux serpents.

Source : Wikipédia, Jeune Afrique, www.lepoint.fr

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