Rencontre avec n’faly kouyaté, le jimi hendrix de la kora.

  • Par Aboubacar Ben Doumbia
  • 14 Mars 2018
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Formé dans la plus grande rigueur des artistes traditionnels d'Afrique de l'Ouest,N'Faly Kouyaté répond au question de l’équipe de djasso.com.


Issu d'une famille de griots très respectée, N'Faly est né à Siguiri (Guinée) et vit à Bruxelles depuis 1996. Formé dans la plus grande rigueur des artistes traditionnels d'Afrique de l'Ouest, il s'ouvre néanmoins très tôt aux courants de musiques les plus universelles (world music, rock, funk, jazz,...). Grâce au label de Peter Gabriel Real World, N'Faly est devenu membre à part entière du groupe de musique " world " composé de musiciens celtiques et africains Afro Celt Sound System, ce qui l'a rendu célèbre dans le monde entier. Avec sa parfaite fusion de mandingue traditionnel et de sons occidentaux modernes, N'Faly Kouyaté chamboule le monde de la musique ethnique et transgresse toutes les frontières, quelles qu'elles soient. N'Faly Kouyaté est surnommé le Jimi Hendrix de la kora. Ici il répond au question de l’équipe de djasso.com.

Bonjour, N’faly Kouyaté, si on vous demandait de vous présenter, que diriez-vous de vous-même ?                                     

Je dirais que je suis artiste musicien, je suis né dans une famille de musiciens traditionnels qu’on appelle des Griots ou des Bardes chez les Celtes, des gens de la culture, des médiateurs. J’ai eu une formation traditionnelle et, arrivé à l’université, j’ai eu l’opportunité d’aller étudier en Europe, où j’ai étudié au Conservatoire ; et je suis aussi coach en voix.

Comment appellerez-vous le genre de musique que vous faites ?

Le genre de musique que je fais est un genre nouveau que j’ai créé et qu’on appelle afrotroniks, c’est un mélange d’Afro et électronique. Qui consiste à  se servir de la modernité pour remorquer l’ancienneté.

Parce qu’on utilise la Kora, le Djembé, les Calebasses qui sont rudimentaires chez nous et qui avoisine les toutes dernières technologies modernes telles que le amsonique, un instrument qui reproduit toute sorte de son qui puisse exister, le clavier et la batterie acoustique normale. A côté de ça, il y a aussi  le krin (le krokodou) et il y a aussi le Djembé et un ordinateur.

Il y a donc plein de voie en polyphonie. Et on se sert de tout ceci pour donner de la valeur à la culture africaine, c’est ça l’AFROTRONIKS.       

Comment s’est fait le fantastique alliage entre la musique traditionnelle  et la musique moderne ?

Pour ça,  il faut avoir, sans prétention, les baskets bien en place, je veux dire par là s’imprégner de sa culture traditionnelle car quand on sait d’où l’on vient on pourra savoir où on veut aller.

Donc j’ai commencé par une rigoureuse formation traditionnelle avec mon papa, mes oncles et mes tantes. Il fallait apprendre tout traditionnellement et après l’apprentissage traditionnel, je suis allé me former, apprendre autre chose, ouvrir ses oreilles, ouvrir son cœur à d’autres horizons musicaux. Cela est différent d’abâtardir notre culture. On s’imprègne et on essaie de faire un chemin tout en respectant le code traditionnel et en essayant d’aiguiser les nouvelles oreilles, c’est-à-dire ne pas se fermer sur  l’évolution mais faire avec.

Quels sont les projets de N’faly Kouyaté ?

C’est énorme ! Je me suis battu avec mon manager pour cette première grande entrée sur l’Afrique. Cette année, j’ai deux enregistrements en chemin dont l’un a débuté et l’autre débute en juin. Mais mon grand projet de cette année est une comédie musicale qui commémore le centième (100 è) anniversaire  de la fin de la première guerre 1918-2018. Dans laquelle on fera ressortir la participation massive et active de l’Afrique au cours de cette guerre qui n’est pas connue.

Cette comédie musicale va mettre autrement en scène  cette valeur africaine, j’ai fait des compostions dans ce sens.  C’est l’un de mes grands projets réalisés avec la participation des Sud-Africains, des Ouest Africains, des Anglais, des Allemands, des Français. On  va jouer en Afrique du Sud, en Amérique, en Europe et un peu partout sur le globe.  C’est un gros projet qui, ajouté à mes autres projets, vont m’occuper tout le long de cette année.

N’faly Kouyaté au masa 2018 quelles sont vos impressions ?

Mes impressions sont très mix. Je suis un satirique, je chante contre la vente d’armes, et je l’ai chanté dans les pays où les armes sont les plus vendues. Je suis quelqu’un qui, avec respect, parle, chante et dénonce les tares de la société, les gens qui confondent leurs poches aux banques de la nation. Je critique cela, donc je n’aurais pas peur.

Le Masa est un très grand marché qui fait la fierté de l’Afrique et que nous les Africains apprécions beaucoup. Moi particulièrement, sans prétention, je veux dire une vérité, chaque année je fais au minimum cinq (5)  festivals en plus des autres foires auxquelles j’ai participé, alors je vois comment évoluent les organisations. J’ai senti que l’Afrique soutient le Masa, ce qui est très bien.

C’est un lieu vraiment excellent pour la Culture Africaine. Mais de l’autre côté, en matière d’organisation on a du chemin à faire.

Un mot à l’endroit des jeunes qui aspirent à une carrière comme la votre ?

Je commencerais par leur dire de travailler, il faut travailler, il faut croire à notre culture et à ce que l’on fait.  C’est un chemin qui n’est pas facile. Mais il ne faut surtout pas prendre le raccourci de la réussite,   il faut beaucoup travailler, avant de penser à l’argent. Le travail paie toujours, même si cela ce n’est pas facile, mail il faut avoir foi en ce que l’on fait et toujours persévérer.

Et la dernière des choses : la musique  tourne autour du show business, il faut savoir se vendre. Ceux qui ont la chance d’avoir un manager ou une maison derrière eux, ce n’est pas fini. Quand on a ceci, il faut encourager son manager. Il faut lui faciliter la tâche pour qu’il puisse vous vendre.

 Aujourd’hui ce n’est pas seulement le talent qui marche, c’est le talent plus la capacité de défendre son propre projet.  C’est ce qui peut aider la structure qui sera autour de la personne. Mais tout cela tourne autour du  travail de qualité.

Votre mot de fin?

 La finalité chez moi, c’est qu’il ne faut jamais perdre l’espoir.

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