SCANDALE A ZIGUINCHOR : LA MAISON FAMILIALE DE SEMBENE DEVENUE UN DEPOTOIR D'ORDURES. 1ère Partie
- Par La rédaction
- 18 Août 2021
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Si feu Ousmane Sembène, l’écrivain et cinéaste de renommée internationale disparu en 2007, était encore en vie, il aurait actuellement 100 ans. Hélas, ce monument de la culture est aujourd’hui en train d’être banalisé, voir oublié dans son pays.
Tenez ! Sa maison familiale sise au quartier Santhiaba, en plein centre-ville de Ziguinchor, est tombée en ruines sous le regard indifférent des autorités de ce pays. Sur le site, il ne reste plus qu’un amas de tôles rouillées et de débris sous le regard indifférent des autorités étatiques et municipales. Certains riverains utilisent même le site comme un dépotoir d’ordures.
Une situation qui indigne de nombreux Ziguinchorois et particulièrement ceux qui ont connu le grand cinéaste. Le professeur Amadou Fall, chercheur et enseignant à l’Université de Ziguinchor, ne mâche pas ses mots pour dénoncer cet oubli de celui qui apparaît comme l’une des plus grandes vitrines de la culture africaine des temps modernes.
Le professeur Fall assimile à une tragédie l’état de délabrement de la maison où vécut l’homme qui a donné aux lettres ainsi qu’au septième art sénégalais leurs lettres de noblesse. « Cet oubli de Sembène, je le ressens comme une tragédie, c’est une tragédie. C’est pourquoi je ne badine pas avec les mots parce qu’il y a rien de plus de tragique que l’innocence punie. Et la grande question c’est toujours qu’a fait Sembène, qu’a fait-il de mal pour qu’aujourd’hui cette maison-là qu’il a voulu acheter pour en faire un patrimoine et même un don pour la commune de Ziguinchor... soit aujourd’hui un tas de ferrailles, un tas de boue. Un endroit où, comme vous le voyez, on dépose des immondices... Et c’est ça la tragédie africaine ! », clame le professeur Fall qui dit s’être occupé de ce grand monument.
« Moi, je suis quelqu’un qui s’est beaucoup occupé de Sembène, de ses actes culturels, sociaux et politiques. J’ai eu un rapport très étroit avec son neveu Abdourahmane Ndiaye Dimitri qui m’a avoué beaucoup de faits. Par exemple que même à un an de sa mort, il était revenu avec toute une équipe de cameramen prendre des photos de sa maison natale pour dire qu’il s’est entêté à vouloir acheter cette maison pour en faire un patrimoine et même un don pour la commune de Ziguinchor. Mais malheureusement, voilà un peu l’Afrique, les collectivités locales, nous n’avons pas des gens qui soient à la hauteur de ce que nos patrimoines doivent être. Fleurir dans l’espace, disons non seulement africain mais mondial, pourquoi pas ? Parce que nous avons du tonus contre-culturel, de la consistance culturelle, de la consistance intellectuelle, de la consistance sociale. C’est sous ce rapport justement que Sembène s’est placé pour vouloir faire de sa maison familiale un monument où il devait pouvoir faire éclore tous les talents de la Casamance, au-delà de la Casamance, du Sénégal et de l’Afrique », peste le professeur Fall.
Et de s’interroger : « Qu’est-ce qui a conduit à ce que la maison de Ousmane Sembène, un monument, soit laissée comme ça à l’air libre, qu’elle se soit effondrée d’elle-même sous le poids de l’âge, mais aussi sous le coup d’une architecture traditionnelle qui n’a pas résisté au temps ? Je dois dire que cette maison n’appartenait pas à la famille de Sembène. Et donc, dès que Sembène a pris conscience, il est revenu à ses sources pour l’acheter parce que nous avons eu beaucoup d’informations de la part de ses proches et surtout de son neveu Abdourahmane Ndiaye Dimitri qui fut entraîneur national adjoint de Bonaventure Carvalho pour les Lionnes de basket, décédé l’année dernière qui connaissait bien l’attachement et l’engagement que j’avais, pour participer avec d’autres, à la revalorisation de ce patrimoine mondial qu’est Ousmane Sembène ».
Selon notre interlocuteur, le grand cinéaste a passé son enfance dans ce vieux quartier de Santhiaba où il a encore des amis qui ont vécu avec lui.
A suivre...
Source : AYOBA FAYE, pour www.pressafrik.com