Tiburce Koffi :"JE NE VENDS PAS MA MUSIQUE"
- Par Aboubacar Ben Doumbia
- 29 Dec. 2024
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Dans cette dernière partie de l'interview qu'il nous a accordée, TIBURCE KOFFI nous révèle qu'il ne vend pas sa dernière création musicale.
L'artiste distribue gratuitement ses CD et clés USB aux amis, parents et à des "gens qui ont du goût en la matière". Pour éviter de mener une concurrence déloyale aux artistes musiciens sociétaires du BURIDA.
- Tiburce et la musique : Pourquoi le Jazz et non la pratique d'une musique pour revaloriser nos rythmes folkloriques fusionnés avec les rythmes occidentaux ?
L’Afrique n’est pas absente dans le jazz, bien au contraire. Vous avez employé l’adjectif « fusionnés » : justement, la tendance jazzistique de ces trois dernières décennies est à la fusion. En Côte d’Ivoire, le groupe Awana, a été précurseur de ce courant de musique. Dans le fond, le smooth jazz est un dérivé du jazz fusion. Et puis, sur mon album, il y a une pièce qui s’intitule « Californian Abodan », une composition de mon fils, pianiste ; et sur une inspiration mélodique de mon pianiste Hervé Luc Nko.
- La promotion de votre nouvel album qui est sorti le 21 juin, paraît timide. Est-ce un Manque de moyens ou d'ambitions ?
Ni l’un ni l’autre. Je ne vends pas mon album. J’ai pressé des centaines d’exemplaires que j’ai chargé Valérie Vital, mon manager pour l’occasion, de distribuer aux amis et à des gens qui ont du goût en la matière. Donc il n’y a pas de promotion à faire.
- Sérieux ?
Oui. Sérieux. Je fais de la musique pour mon plaisir. Je n’en attends pas du fric. Ensuite, président du Conseil de Gestion et de Restructuration du Burida (Coger), j’ai estimé que ce serait mener une concurrence déloyale aux artistes musiciens sociétaires du Burida, que de me mettre sur le marché du disque, au même titre qu’eux. J’ai été placé là pour les aider à mieux gagner leur atchêkê, et non pour que je bouffe de leur manioc.
Les responsables de la Sacem, en France, m’ont expliqué qu’au sein du Conseil d’Administration de la Sacem, siègent des musiciens, des auteurs compositeurs de talent. Mais il ne leur est pas permis de sortir des albums pendant qu’ils sont au Conseil d’Administration. Ceci, pour souci de transparence : éviter la tentation de se livrer à des manœuvres peu recommandables pour gonfler leurs droits d’auteur. J’ai estimé que c’était juste qu’ils procédassent ainsi. Pour ne pas prêter le flanc, j’ai donc préféré distribuer gratuitement mes cd et les clés usb aux amis et parents. Alors, si vous voyez des fraudeurs vendre mon album, je vous autorise à leur arracher ces produits, sans payer. Les cd et clés usb sont gratuits, et exclusivement à usage domestique. Mais si des gens se mettent à en faire une exploitation publique, les agents du Burida seront fondés à leur exiger le paiement de mes droits.
- Vous séjournez actuellement aux États-Unis. Pouvons-nous savoir les raisons de cette présence au pays de DONALD Trump ?
C’est absolument privé. Toute ma famille, mon épouse, nos enfants et petits-enfants résident en Caroline. Je suis moi-même American resident. Et je partage mes vacances entre le village et la Caroline, depuis plus d’une quinzaine d’années. Ce n’est pas nouveau.
- Avez-vous le sentiment que l'Afrique cherche à exploiter aujourd'hui son potentiel culturel pour en faire un secteur pourvoyeur d'emplois ?
Bien sûr. La musique, l’art plastique, la danse et la chorégraphie, le cinéma, la mode, le textile, etc., le continent est présent à tous ces carrefours où l’art s’exprime. Et sa présence est remarquable. Mieux conçus, nos ministères de la Culture et du Tourisme devraient pouvoir être rentables, ou plus rentables qu’ils ne le sont. Le Burkina-Faso, la Tunisie, le Maroc, le Kenya, entre autres pays d’Afrique, l’ont compris.
Par Aboubacar Ben Doumbia