Littérature/A la découverte du premier roman en langue africaine

  • Par Yaya konaté
  • 15 Juil. 2020
  • 1598 vues

Nous vous invitons aujourd’hui à la découverte de ce qui serait, selon certaines sources, la première œuvre littéraire écrite en langue africaine.


La littérature est généralement définie comme étant l’ensemble des productions littéraires d’une société, d’un pays ou d’un continent. De par sa nature, sa manifestation et ses spécificités, chaque littérature diffère des autres. Ceci est valable pour la littérature africaine dont nous vous présentons aujourd’hui la toute première œuvre écrite. Intitulée "MoetioaBochalela" en langue Sesotho(langue dans laquelle elle a été écrite), "L'Homme qui marchait vers le soleil levant", serait probablement le premier roman écrit et publié dans une langue de l'Afrique.

Son auteur, Thomas Mofolo, est un Haut du formulaireromancier bantou (1875-1948) né dans un village du sud du Lesotho, petit pays enclavé dans l’Afrique du Sud.Il est devenu célèbre pour son "Chaka", publié en 1926 en Sesotho puis en 1940 en Français. Dans ce  récit historique,  il restituait l'exceptionnelle destinée du "Napoléon zoulou".

Dans « l’homme qui marchait vers le soleil levant », l’auteur raconte en 156 pages, l’histoire de Fékisi, un jeune berger d’un village du Lesotho, dans les années 1820, refusant les mœurs dépravées des siens, part vers l'Est, pays d'origine des Basothos, en quête du soleil levant et d’un dieu salvateur. Après de multiples aventures, il rencontre des étrangers, des Blancs et quitte l’Afrique. C'est en somme le texte d'un auteur qui entrevoit une africanisation du Christianisme.Ce héros singulier dont la naïveté et la sincérité ne laissent pas indifférent le lecteur et dont l'auteur parvient à transmettre les élans et les interrogations.

Publié pour la première fois en feuilleton en 1906 puis sous forme de livre en 1907, l’œuvre a connu au fil du temps quelques variations sur son titre en français. Il fut tout d'abord titré "Voyageur de l'Orient", "Pèlerin de l'Orient" puis "Vers le soleil levant ou le pèlerinage de Fékisi", par son traducteur, Victor Ellenberger, descendant d'une famille de missionnaires installée au Lesotho en 1861 ; plus tard, son fils, Paul Ellenberger, qui a revu la traduction, suggéra "le découvreur du soleil primordial" avant que l'éditeur actuel, les éditions Confluences, ne retienne "L'Homme qui marchait vers le soleil levant". Cette évolution et ces hésitations témoignent de la complexité de ce texte et de l'évolution des lectures qui en ont été faites.

Au-delà de son incontestable intérêt historique (puisque que le préfaceur Alain Ricard affirme que "Moeti oa Bochalela est certainement le premier roman publié en Afrique dans une langue africaine" et "probablement le premier roman écrit et publié en Afrique en quelque langue que ce soit"), la publication de ce livre est d'importance. Elle offre aussi un vrai plaisir littéraire, car "L'Homme qui marchait vers le soleil levant" recèle, çà et là, de beaux passages poétiques. Un livre qui vient, très opportunément, enrichir la liste, jusqu'alors fort courte, des ouvrages africains traduits à partir d'une langue africaine.

Articles connexes