TOURISME : TIAGBA, le dernier village sur l'eau en Côte d’Ivoire

  • Par Akina De Kouassi
  • 14 Avr. 2025
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À une centaine de kilomètres d’Abidjan, au bord paisible de la lagune Ébrié, dort un trésor oublié : Tiagba.


       Ce village lacustre unique en son genre vous emmène dans un voyage où le temps ralentit, les traditions respirent et la nature murmure ses plus beaux secrets. Une immersion inoubliable dans l’authenticité ivoirienne.

 

Là où l’eau et la vie se rencontrent

       Qui aurait cru qu’à seulement deux heures d’Abidjan se cache un monde si différent, si calme, si vrai ? Posé sur une île de 150 hectares, Tiagba est le seul village lacustre de Côte d’Ivoire. Ses rares maisons sur pilotis témoignent d’un passé aussi vivant que fragile, où les hommes vivaient en parfaite osmose avec l’eau.

       Si le village a quelque peu tourné le dos à ses traditions lacustres à cause des inondations et de la pression démographique, la pirogue reste reine et la lagune, l’âme du village. Ce samedi matin d'avril 2025, sous une chaleur éclatante, nous étions les seuls touristes. Et cette exclusivité rend l’expérience encore plus précieuse.

 

Une balade en pirogue, entre silence et poésie

         Première étape de cette aventure : un tour paisible de l’île en pirogue. À Tiagba, les moteurs sont rares. Ce sont les rames qui dictent le rythme, au son doux de l’eau brassée, des enfants qui rient, et parfois d’un maquis un peu trop enthousiaste côté sono.

      Notre embarcation glisse sur les flots. Les enfants nous saluent avec des éclats de voix, demandent des « petits cadeaux », pendant que les adultes observent, sourient, échangent quelques mots en aïzi. Cochons et canards vaquent à leur routine, indifférents à notre passage. Le décor est vivant, naturel, presque cinématographique.

         Au loin, les maisons sur pilotis se dressent fièrement, entre modestes cases en bois et villas bigarrées de ceux qui ont fait fortune. Le soleil éclaire ce tableau saisissant d’un éclat doré. La beauté de Tiagba se vit comme une peinture mouvante.

 

Pause fraîcheur au maquis flottant

        Après une heure à voguer, une halte s’impose dans l’un des rares maquis du village – lui aussi perché sur pilotis. Quelques sodas, de la bière, pas de repas chaud, mais une vue imprenable sur la lagune et les pirogues. On sort notre pique-nique, on respire, on écoute. Le temps semble suspendu.

 

À pied, cœur à cœur avec le village

     Notre promenade se poursuit à pied, à travers les ruelles sablonneuses du village. Le quotidien des habitants se dévoile : des femmes préparent l’attiéké, nettoient le poisson, font bouillir l’eau du puits ; les enfants rient, jouent, nous accompagnent. Le village bruisse de vie simple et sincère.

       La saleté de certains recoins, faute de système de collecte, n’entame en rien le charme du lieu. On sent une fierté, une douceur, une paix. C’est ce qu’on vient chercher à Tiagba : l’essentiel.

 

Rencontre avec l’histoire et les esprits du lieu

      Nous terminons notre visite dans la case protocolaire du village, reçus par l’adjoint au chef. Assis sur des nattes, dans une belle case en bambou de raphia naturellement ventilée, nous dégustons le traditionnel Koutoukou, cet alcool de palme qui réchauffe l’âme.

    Il ne reste aujourd’hui que 23 maisons sur pilotis. Leur construction coûte cher, et le bois devient rare à cause de la déforestation. Le village rêve d’en bâtir six autres pour préserver cette mémoire vivante. Un projet soumis au ministère du Tourisme, qui attend toujours des financements. Pendant que les grands projets hôteliers se multiplient ailleurs, Tiagba espère, doucement.

 

Pourquoi il faut visiter Tiagba maintenant

      Parce que Tiagba est un fragment rare d’histoire encore debout. Parce que l’eau, les sourires, les silences et les légendes qui y flottent méritent d’être vécus. Parce qu’il n’y a pas de parc d’attractions plus vrai que ce village lacustre oublié du temps.

       Alors, n’attendez pas. Partez tôt le matin, emportez votre crème solaire, un pique-nique et un brin de curiosité. Et laissez Tiagba vous raconter, à sa façon, ce qu’est l’âme ivoirienne.

 

Y aller :

         À environ 100 km d’Abidjan, par la côtière en bon état jusqu’à Dabou, puis 20 km de piste. Après Cosrou, suivre les indications jusqu’à la lagune. L’idéal est d’arriver en matinée. Pas de restaurant, pas d’hôtel, mais une expérience à vivre… les pieds dans l’eau.

Akina Dekouassi

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