Côte d'Ivoire/KANI : Un village mystérieux. [Partie 1]

  • Par Akina De Kouassi
  • 11 Juin 2019
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Située à plus de 53 kilomètres de Séguéla (Nord-Ouest de la CI), la cité bénie de Kani regorge de nombreux trésors touristiques et religieux. Un atout culturel  pourtant méconnu.


Le nom « KANI » que porte cette cité n’est pas fortuit. Les voix les plus autorisées du village nous apprennent que le nom KANI est le diminutif du nom  MAKANI. Le prénom que portait une jeune héroïne qui s’est offerte en holocauste pour la stabilité et la prospérité de son peuple.

En effet, la légende raconte que : « Venus du grand mandé au Mali actuel, les Fofana qui habitent le quartier Keyla de Kani sont de grands musulmans pratiquants, descendant d’Aboubaka Sidike, disciple du prophète Mohamed ». Nous apprend Fofana Djiguiba qui nous parle sous le contrôle de son père, le doyen Fofana Mamadou, Imam de la mosquée Keyla (La plus vieille mosquée de la région). Notre interlocuteur nous apprend en plus que les Fofana venus du Mali habitaient le quartier Keyla au Mali. C’est pour perpétuer ce souvenir historique qu’ils ont baptisé (Keyla) le quartier qu’ils sont venus fonder à Kani.

Qu’est-ce qui a suscité la migration de cette population  du Mali jusqu’à Kani où ils demeurent depuis des dizaines de décennies ?

Le quartier Keyla où habitaient les Fofana au Mali était constitué de plusieurs communautés musulmanes et de personnalités très influentes en raison de leurs fortunes. Parmi celles-ci se trouvait une dame aux fortunes rares du nom de Massirou Diarra. La demeure de cette dernière était une sorte de grenier dans lequel chacun allait s’approvisionner en nourriture. Car, en plus de sa richesse, dame Massirou Diarra avait un cœur altruiste. Tout le monde vivait donc en parfaite harmonie dans cette localité jusqu’au jour où la belle-fille de dame Massirou Diarra se rendit au puits pour se ravitailler en eau. Depuis le fond du puits, sortit un mystérieux serpent qui vient mordre la jeune fille, la belle-fille de la richissime Massirou Diarra. C’est le début des hostilités à Keyla.

La population alertée de cette incidence au puits, va s’armer pour affronter le mystérieux serpent. Le serpent est alors tué, décapité. « La tête de ce serpent va s’envoler dans le ciel comme un oiseau », soutient notre interlocuteur, non sans nous préciser que l’autre partie du reptile est restée plantée au beau milieu du puits. Une fois dans le ciel, la tête du serpent va livrer un message on ne peut plus inquiétant aux habitants de Keyla : « Habitant de mandé, puisque vous m’avez tranché la tête, la famine va sévir dans ce village durant sept années, sept mois et sept jours ».

Inquiète, dame Massirou Diarra va recourir  aux grands religieux afin qu’ils intercèdent auprès de Dieu pour conjurer le sort et empêcher que sa fortune ne tarisse du fait de prendre en charge toutes les communautés pendant la période de cette disette. La fortune de dame Massirou Diarra suffit à couvrir les besoins de la communauté durant les sept années, sept mois. Cependant, les sept jours qui restaient font tarir la fortune deMassirou. Sa fortune n’a pu résister.

N’ayant plus rien à manger, les communautés venues de différentes localités ont commencé à plier bagage et retourner d’où elles étaient venues. Ceux qui ne savaient où aller, n’ont eu d’autres choix que de faire recours aux devins marabouts. « Ils demandaient aux devins de les aider dans leurs prières, afin que Dieu lui-même puisse les guider car ils ne savaient où aller ».

Le patriarche des Meïté, nommé Mamourou qui habitait aussi au Mandé dans une localité voisine à près de 99 kilomètres de Keyla a été ainsi consulté par les Fofana qui ne savaient où aller pour se préserver de la famine qui commençait à causer des dégâts. Rappelons à toute fin utile que les Meïté sont les marabouts des Fofana selon l’organisation sociale dans le Mandé.

Suite aux prières adressées à Dieu et l’invocation des marabouts, une révélation a été donnée en songe pour montrer aux Fofana la destination à suivre pour éviter la famine. Cette révélation indiquait trois choses majeures qui attesteront la bonne adresse. Il s’agit notamment du marigot Sahasségué. Au nord de ce marigot, se trouve une grande termitière, puis un arbre sur lequel étaient mentionnés les différents noms de Dieu. « Cet arbre qui n’existe plus à ce jour serait le site où est bâtie la grande mosquée de Kani. » Et enfin, la troisième chose de la révélation est l’endroit où est implantée depuis des centaines d’années, la plus vieille mosquée de Kani. La mosquée Keyla de Kani. « Il est dit que c’est une porte du ciel qui mène directement à cet endroit ». Cette mosquée a du mérite, compte tenu de son emplacement. Lorsque la communauté Kaninoise est confrontée à des difficultés, elle se réunit dans cette mosquée pour implorer Dieu. Et ses prières sont toujours exaucées. C’est suite donc à ces révélations que les Fofana ont effectué la migration vers Kani.

« Un groupe de personne a été constitué pour venir chercher l’endroit avant que tous n’arrivent. Ils sont passés dans divers endroits avant d’arriver enfin sur ce site qui regroupait les trois éléments de la révélation. ». Sur le site, les Fofana ont trouvé d’autres communautés déjà présentes. La communauté des Bakayoko et celle des Dosso. A cette époque, les Bakayoko étaient animistes. Par contre, les Dosso étaient de fervents musulmans.

A suivre…

Akina De Kouassi, envoyé spécial à Kani.

 

  

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