Arts & Cultures

Sembène Ousmane (1923-2007), autodidacte, romancier et réalisateur de cinéma sénégalais, prônait une adaptation des sociétés africaines au monde moderne et la lutte contre la corruption.

Ousmane Sembène est né en 1923 à Ziguinchor (Casamance) dans une famille de pêcheurs. Après avoir fréquenté à la fois l’école française et l’école coranique, apprenant ainsi le français et l’arabe, il sera enrôlé en 1942 dans l’Armée française comme artilleur. Mais après la guerre, il se retrouve au chômage et décide de revenir en France. A Marseille où il a débarqué en 1947, Ousmane Sembèneexerçait divers petits métiers (mécano, docker, maçon, etc.).

Il s’engage politiquement et syndicalement, s’inscrit au Parti communiste et à la CGT, et milite contre la guerre d’Indochine. Il découvre également la littérature et les écrivains de la négritude. Blessé, il abandonne son emploi sur les docks et se consacre alors à l’écriture.

Ousmane Sembène voyage ensuite durant de longues années (Nord Viêt-Nam, Chine, URSS, ainsi que plusieurs pays d’Afrique), et suit les cours de cinéma du studio Gorki de Moscou.

Son engagement politique trouve dans le cinéma un moyen d’expression privilégié, et il se consacre ensuite à réaliser et diffuser ses films en Afrique, avec la préoccupation de toucher tous les publics. En 2006,Ousmane Sembène est  élevé au rang d’officier de l’Ordre de la Légion d’honneur.

SEMBENE OUSMANE, UN ROMANCIER AUTODIDACTE

En 1956, Sembène Ousmane écrit à partir de son expérience de docker, son premier livre intitulé Le Docker noir. Une année plus tard, soit en 1957, suivraÔ pays, mon beau peuple, puis son célèbre roman, Les Bouts de bois de Dieu en 1960, qui relate le mouvement de grève des cheminots de la ligne Dakar-Niger en 1947, auquel il a pris part.

Dans ses romans, Le Mandat (1966), Xala (1973) et Niiwan (1987) Sembène Ousmane fustige la corruption des élites et la société postcoloniale.

Ousmane Sembène, dès son premier film, veut utiliser le cinéma comme vecteur de diffusion de ses idées auprès de son peuple, car l’analphabétisme lui montre la limite d’action de ses romans. Son premier court métrage, BorromSaret (Bonhomme charrette, 1962), à travers la journée d’un charretier dakarois, condense nombre de thèmes qui vont ensuite être développés dans des longs métrages, comme l’exploitation des plus pauvres, le rôle positif de la femme, la dénonciation de la religion, etc.

Après Niaye (1963), court métrage également, Ousmane Sembène réalise la Noire de… (1966), premier long métrage africain. Ce qui vaut plus tard à Ousmane Sembène son surnom d’« aîné des anciens », récompensé par le prix Jean-Vigo.

L’adaptation du Mandat (1968) connaît un grand succès public et critique : primé en 1968 au festival de Venise, c’est également le premier film tourné en wolof. Xala (1975), adaptation de son roman éponyme, se penche sur la polygamie et les problèmes qu’elle crée dans un pays en pleine mutation, tandis que Ceddo (1977) interroge le rôle de la religion à travers le prisme de la confrontation entre la société sénégalaise et deux puissances coloniales, musulmane et catholique, au xvii^e siècle ; le film est censuré par le gouvernement de Léopold Sédar Senghor.

Poursuivant sa réflexion sur la colonisation, il propose avec le Camp de Thiaroye (1977) une dénonciation accablante d’un massacre commis par l’Armée française sur des tirailleurs sénégalais en 1945 ; le film n’a jamais été distribué en France.

Ousmane Sembène réalise ensuite les deux premiers volets d’une trilogie sur « l’héroïsme au quotidien », à travers des personnages de femmes fortes, indépendantes ; Faat Kiné (2000) dresse le portrait d’une mère célibataire qui se bat pour que ses enfants soient instruits, tandis que Mooladé (2003) aborde frontalement le problème de l’excision, et le rôle que peuvent jouer les femmes dans la modernisation de la société.

Source : Microsoft Encarta