CIV : LE FATCHUE, MODELE DE DEMOCRATIE EN PAYS ATCHAN

  • Par Eri
  • 26 Août 2021
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Le fatchué est une grande institution sociale dans la vie du peuple Ebrié, appelé à l’origine "Chaman" ou "Atchan".


Loin d’être un insignifiant moment de réjouissance, le Fatchué qui donne lieu à une grande fête qui se déroule sur deux semaines chez les Bidjan, est un modèle de démocratie.

Les Ebrié, peuple lagunaire, sont un groupe ethnique de la Côte d’Ivoire qui vivent dans la partie sud du pays, autour de la lagune qui porte leur nom. Subdivisés en plusieurs fratries (Confédérations), ils représentent environ 0,7% de la population ivoirienne.

LA FRATRIE DES BIDJAN

Les Bidjan sont une fratrie (confédération de familles de Tchaman) composée de 7 villages, à savoir Bidjan Anoumabo, Bidjan Cocody, Bidjan Djemin, Bidjan Locodjro, Bidjan Té, Bidjan Santé, Bidjan Gban. Et tous ces villages sont centralisés à Bidjan Djemin.

Quant au nom « Abidjan » que porte la capitale économique de la Côte d’Ivoire, il désigne le site habité par la fratrie Bidjan.

Selon la légende, deux versions expliquent l’origine du nom Bidjan. Celle la plus connue enseigne que le nom BIDJAN serait né d'un quiproquo entre un colon et une autochtone. En effet, une dame qui échangeait avec un colon, pensait que le colon lui demandait d'où elle venait, d'où sa réponse « min tchan abi djan ». Ce qui veut dire « Je suis quittée cueillir des feuilles fraîches ».

Quant à la seconde version qui semble être la plus authentique, le nom BIDJAN aurait été donné par les Bobo qui les auraient surpris tôt le matin endormis sur des feuilles fraîchement coupées. Des deux versions, le nom BIDJAN ramène à des feuilles fraîches.

Organisation sociale des Atchan

Les Atchan sont structurés par générations. Ainsi, une génération rassemble tous Hommes, de sexe masculin ou féminin, nés dans un intervalle de quinze ans. De ce fait, les membres de la même génération se traitent comme des frères. Leur organisation est scindée en quatre générations qui sont nommées comme suit : Blessoué, Gnando, Dougbo et Tchagba.

Chaque génération comprend quatre classes d’âge que sont : Djehou (les aînés), Dogba (les cadets des Djehou), Agban (les jeunes) et Assoukrou (les plus jeunes).

La gestion des affaires du village est confiée à tour de rôle sur une période de 15 ans à chaque génération selon l’ordre d’aînesse. Ce qui veut dire que dans un village Atchan de BIDJAN par exemple, lorsque le pouvoir de la chefferie est confié à la génération Blessoué, elle l’exerce pour une période de 15 ans, avant de le transmettre à la génération Gnando, qui va l’exercer aussi pour 15 ans, avant de la transmettre à la génération Dougbo. Celle-ci à son tour le transmettra à la génération suivante, les  Tchagba et la génération Blessoué reprend, ainsi de suite.  Le cycle entier des quatre générations dure donc soixante ans.

Chez les Atchan, tous les individus ont des droits et devoirs égaux et sont responsables de la gestion des affaires du village. Ce qui fait de la société Atchan une société égalitaire et démocratique. Le passage du flambeau d’une génération à une autre est marqué par une très grande fête nommée « Fatchué ».

Fatchué ou la fête de génération

Le Fatchué est un moment de réjouissance en pays Atchan. Il a lieu chaque 15 ans chez les Bidjan, marquant le passage de flambeau d’une génération sortante à une autre. Chez les Bidjan, cette fête est précédée par une autre de moindre envergure appelée GO N’DE ou la fête de maturité. Avant la fin de son mandat, la génération qui tient les rênes du pouvoir organise le GO N’DE. Cette fête se tient en deux séquences. La première séquence concerne les deux premières classes d’âge : la classe des Djehou et celle des Dogba. Quant à la deuxième séquence, elle concerne les deux dernières classes d’âge : la classe Agban et celle des Assoukrou.

La sortie des guerriers chez les BIDJAN

Chez les Bidjan, chaque classe d’âge a droit à trois guerriers. Les guerriers sont donc choisis parmi les hommes qui composent la classe d’âge. Ce sont des initiés, mystiquement aguerris pour conduire le groupe. Ainsi, le premier guerrier qui jouit d’un pouvoir mystique plus étendu est appelé « Tampognaman », le deuxième qui le suit dans l’ordre, est appelé « Tampognami » et le troisième, « Tampognadjidji ».

Le jour du Fatchué, chez les Bidjan, le troisième guerrier fait sa sortie très tôt le matin, avant le levé de l’aurore. Il est suivi par les membres de sa classe d’âge, ils dansent au rythme des tambours, à travers les venelles du village.

Dans l’après-midi, c’est le premier guerrier qui fait sa sortie dans ses tenues de circonstance. Deux semaines après, le deuxième guerrier fait sa sortie

Le guerrier de la classe Assoukrou se vêtit d’une tenue spéciale appelée KOTOU. Quant aux guerriers des autres classes, leurs tenues sont composées de feuillages de liane, appelé wôwô.

Nom tambouriné du village Bidjan Djemin.

Koutoukou Djèmian.

Agbou Djèmian mi son pô.

Atcho hou prapra mèli amanian.

Assétchi ho mon hin ta houèlé.

Assétchi ho hon t n'mon houèlé.

Goué tou min Djragbou.

Goué ha mon nin lé n'tahon.

Akè miélé yananou ha kassa.

N'gbroka han nin mi. Kotiè tiè koman ti ti.

Diblia ho pa osrè.

Katataté n'gbromin nin.

Bidjan Djèmin si ho ka djidji yokwè lé. Sôgrô.

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